Togo, Présidentielle 2015 : Ingrid Awadé, candidate pour l’UNIR ?


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Qui pour représenter l’Union pour la République (UNIR) à l’élection présidentielle à venir ? La question peut paraitre farfelue aux yeux de bien de militants, sympathisants ou simplement des Togolais, d’autant plus qu’il y a un homme qui fait figure de candidat naturel – suivez les regards. Mais il risque de devoir disputer cette place avec l’égérie de la République, Ingrid Awadé que les indiscrétions annoncent avec insistance candidater aussi au nom du parti. C’est sans doute le début d’une époque assez décisive pour le régime.
 
Ingrid Awadé candidate ?
 
Les électeurs seront sous peu appelés aux urnes, au regard des dernières manœuvres et des derniers développements de l’actualité au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et du pouvoir. Au sein de l’opposition, les ambitions sont officialisées et on compte une bonne dizaine de candidatures dont celles de Jean-Pierre Fabre, d’Alberto Olympio, entre autres. Mais pour l’instant, le porte-flambeau du parti au pouvoir n’est pas encore connu, du moins officiellement, même si les envies du Prince de la République sont un secret de Polichinelle. Et le parti pourrait pour une fois être représenté par une…dame : Ingrid Awadé !
 
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Ingrid Awadé candidate à l’élection présidentielle à venir pour le compte de l’Unir ? Cela peut sonner chez certains comme une boutade. Mais c’est bien ce qu’annoncent de plus en plus les indiscrétions. Ainsi l’ancienne Directrice Générale des Impôts éjectée à la faveur de la mise en place de l’Office togolais des recettes (Otr) et garée (sic) à la Direction à l’organisation du secteur informel (Dosi) entendrait briguer la magistrature suprême. Mais ce ne serait qu’une demi-surprise pour les Togolais avertis de la discorde au sein du parti et de l’opposition que rencontrent les envies de rempiler de Faure Gnassingbé. « Selon les indiscrétions, sa candidature suscite l’opposition d’une frange des dignitaires du parti. Il est même fait état d’un mémorandum qui circule dans le sérail. Ce courant serait incarné par l’ex « dame de fer ». Simple caprice ? Vengeance de femme ? On cite aussi comme partisan de ce courant l’autre conseiller éternel de la famille qui n’est plus en odeur de sainteté. Ce courant drainerait derrière lui des crésus du régime en disgrâce et même des dignitaires des corps habillés. Les Togolais ne doivent pas pour autant aller jusqu’à y voir un désir d’alternance au pouvoir, comme le voudrait le peuple qui aspire voir d’autres têtes diriger le pays, loin de là. Ce camp est aussi pour la continuité du régime, mais souhaiterait juste que ce soit un autre porte-flambeau que Faure Gnassingbé », écrivions-nous dans la parution N°1879 du 09 février 2015 sous le titre : « Présidentielle de 2015 : l’UNIR (aussi) dans la tourmente ! Des cadres du parti contre la candidature de Faure Gnassingbé ».
 
Un coup bien mûri et des connexions solides
 
Dans l’hypothèse que ces indiscrétions s’avéraient et se confirmaient dans les jours à venir, ce serait un véritable culot de la part d’Ingrid Awadé. D’autant plus que le choix du candidat du parti aux élections présidentielles s’est toujours fait naturellement. Et dans la cadre du scrutin à venir, Faure Gnassingbé salive à l’idée de rempiler et faisait figure de porte-flambeau naturel du parti, même si sa candidature est problématique. Mais à en croire des sources proches, la dame estimerait être le vrai maçon de l’Unir, celle qui l’a créé de toute pièce sur les cendres de son ancêtre du Rpt, et donc dans ses bons droits de prétendre le représenter. Et sur ce plan, elle n’aura pas complètement tort. Et à en croire des sources, son dossier serait assez solide.
 
Il nous revient que l’ancienne patronne des Impôts aurait des soutiens dans son entreprise culotée. On rapporte un curieux rapprochement avec Barry Moussa Barqué, l’autre conseiller éternel des Gnassingbé tombé en disgrâce. « L’axe Ingrid-Barqué pèse lourd, il ne faut pas le sous-estimer », confie laconiquement une source introduite dans les arcanes du pouvoir. Ce ne serait d’ailleurs pas trop étonnant de voir un tel rapprochement, surtout lorsqu’on sait que l’homme aurait conseillé à son filleul d’opérer les réformes et de ne pas briguer un 3e mandat. Ce qui a envenimé leurs relations.
 
Rapportant l’opposition que susciterait la candidature de Faure Gnassingbé, nous évoquions que ce courant incarné par Ingrid Awadé bénéficierait de soutiens aussi bien dans les rangs des dignitaires des corps habillés que des barons civils. Il ratisserait même assez large et aurait pris une dimension inquiétante. Les démissions inédites le vendredi dernier des quatre membres de la Ceni, à savoir les sieurs Koffi Ayéfoumè Kéké, Bandifo Ouro-Akondo, Robert Bakaï et Mme Mokpokpo Dosseh, leur remplacement et ce dossier seraient bien liés. « Ce qu’on ne dit pas, c’est que ces délégués sont accusés de se mettre au service de cette dame et de ne remonter qu’à elle certaines informations importantes, sevrant ainsi le chef qui, à un moment donné, s’est senti couillonné et a voulu montrer son autorité en enlevant ces quatre délégués et en les remplaçant par des revenants qui sauront lui être dévoués. C’est en fait une guerre des longs couteaux et de leadership, une sorte d’élections primaires qui s’est jouée en fin de semaine dernière », confie une source.
 
L’Unir et Faure Gnassingbé à la croisée des chemins
 
La situation que vit le parti au pouvoir ne s’est jamais présentée auparavant. Jamais la candidature à une élection présidentielle n’a suscité de la convoitise, les Gnassingbé ayant toujours fait office de candidats naturels. Rien n’est pour l’instant officiel, mais une chose est certaine, ce n’est pas la sérénité au sein du parti au pouvoir. L’Unir est en train de conjuguer plutôt le verbe se désunir au présent de l’indicatif. Ils étaient d’ailleurs nombreux, les observateurs à voir derrière la démission et le remplacement inédits des quatre représentants à la Ceni par des ressuscités, le signe d’une absence de sérénité et d’un véritable problème de confiance. C’est d’ailleurs la première fois de l’histoire que le parti au pouvoir en arrive à ce point, alors qu’il a toujours compté sur ses délégués et fait preuve de solidarité dans le mal pour sauver le pouvoir dans le giron familial. Mais cette fois-ci, la situation semble avoir changé.
 
Faure Gnassingbé a suffisamment exprimé ses intentions de rempiler à travers ses actes, notamment son refus de mettre à exécution les réformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées par tous, et ses déclarations d’Accra où il annonçait que « La Constitution en vigueur sera rigoureusement respectée ». Mais aujourd’hui à deux mois et demi de la fin de son mandat, rien n’est officiel et personne ne sait s’il va vraiment candidater pour le scrutin à venir. Même au sein du pouvoir et dans les rangs de ses inconditionnels, on ne donne aucune assurance quant à sa participation, l’homme même entretenant un flou artistique.
 
Il faut, au demeurant, avouer que le parti au pouvoir et le Prince sont bien à la croisée des chemins. Déjà avec son refus de mettre en œuvre les réformes, le soutien tacite des plus grands dirigeants du monde occidental à l’alternance en Afrique, notamment le président français François Hollande et le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, il était bien contrarié dans son élan. Le congrès annoncé sur le 24 avril prochain par certaines sources pour désigner et investir le candidat du parti risque de ne jamais avoir lieu. « Même si la candidature annoncée d’Ingrid Awadé ne se confirmait pas, une chose aura été au moins certaine, c’est que l’union et la solidarité ont fui le pouvoir. Il y a une sorte de révolution de palais qui se passe et que l’on essaie de gérer au maximum pour ne pas l’exposer sur la place publique (…) Moi je crois fermement que c’est Dieu qui est au contrôle pour délivrer les Togolais, vu que l’opposition ne réussit pas à le faire », déclare un compatriote qui voit ces difficultés comme un présage, le chant de cygne du parti au pouvoir. Les jours à venir nous situeront davantage.
 
Source : [17/02/2015] Tino Kossi, Liberté N°1885
 

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