Togo : un remaniement « Klassoutériel » pointe à l’horizon.


Caricature : Donisen Donald / Liberté
Caricature : Donisen Donald / Liberté


Va-t-on assister dans les semaines à venir à un remaniement du gouvernement ou plutôt à la nomination d’une nouvelle équipe? C’était dans l’air depuis quelque temps et annoncé par plusieurs sources informées qui parlaient vaguement de l’après-sommet sur la sécurité maritime ; et visiblement, les grandes manœuvres ont débuté. Selon les dernières indiscrétions, les consultations usuelles sont enclenchées, loin des yeux et des oreilles indiscrets, dans la droite ligne de cet éventuel remaniement.
 
C’est le 5 juin 2015, au lendemain de l’élection présidentielle du 25 avril de cette année que Komi Selom Klassou était nommé à la Primature, en remplacement d’Arthème Ahoomey-Zunu. Après avoir mis du temps pour former son équipe, le Premier ministre a présenté son programme de gouvernement aux députés le 29 juin 2015. Mais à l’épreuve du terrain, l’action gouvernementale était problématique. Le constat était en tout cas patent que le chef du gouvernement n’avait aucune prise sur les choses et il était plus que clair qu’il ne devrait pas faire long feu. Plusieurs sources annonçaient un remaniement ministériel ou plutôt la nomination d’une nouvelle équipe à l’après-sommet sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique qui a eu lieu, faut-il le rappeler, du 10 au 15 octobre dernier et qui s’est soldé par la signature de la charte de l’Union africaine sur la sécurité maritime. Et les choses se précisent visiblement.
 
Les consultations et les jeux de couloir lancés
 
C’est une habitude que les formations de gouvernements se précèdent de consultations traditionnelles au cours desquelles d’éventuelles ministrables sont sondés, des propositions faites à certains, les profils étudiés par rapport aux postes disponibles – certains dits de souveraineté sont pris d’office -, les dossiers scrutés, etc. Selon les indiscrétions qui nous parviennent, cette période a été lancée en cours de semaine dernière, notamment mercredi, loin des yeux et des oreilles indiscrets. Il s’agira donc de consulter en douce des hommes et femmes et leur faire des propositions d’entrée au gouvernement. C’est aussi au cours de cette période que les préposés devant rester se font suggérer d’autres points de chute, au nom du jeu de la chaise musicale.
 
Parlant des mouvements attendus, on savait depuis des lustres que la place d’un homme était en jeu, celle de Komi Selom Klassou. Le reproche à lui fait, c’est de n’être un Premier ministre que pour le décor. Toutes ses activités se réduisent à des ouvertures et lancement de séminaires de renforcement de capacités, des sorties de terrain et autres déplacements sporadiques à l’extérieur lorsque Faure Gnassingbé devrait être indisposé, des allocutions-« atalakou » (louanges) à l’endroit de son bienfaiteur…Malgré le CV ronflant présenté de lui aux Togolais, il a du mal à prendre ses marques et mettre ces compétences (sic) au service des populations. L’homme n’a pas arrangé ses affaires avec sa prestation pitoyable du 13 octobre dernier sur Vox Africa, en marge du sommet sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. Cette sortie qui a créé énormément de désolation chez les Togolais a fini de convaincre les derniers sceptiques des limites de Son Excellence Klassou à relever le défi.
 
De toute vraisemblance, l’homme de Notsè ne devrait pas être reconduit à la Primature. Ce serait trop humiliant de le débarquer et le laisser « sans emploi » ; et selon les indiscrétions, il devrait retourner à ses anciennes amours, l’Assemblée nationale où il était un éternel Vice-président avant sa nomination à la tête du gouvernement. D’ailleurs un poste de Vice-président serait toujours non pourvu, si l’on en croit les sources. Mais il nous revient qu’il devrait plutôt être parachuté à la Présidence même, en remplacement de Dama Dramani qui traverserait une mauvaise passe et que l’on chercherait à pousser vers la sortie. Les jours et semaines à venir nous situeront. Pour occuper la Primature, les indiscrétions rapportent encore le nom de la ministre multitâche du gouvernement aux compétences « no limit » et qui empiète sur les prérogatives des autres ministères – suivez nos regards. Son nom a d’ailleurs été cité après la présidentielle d’avril 2015 parmi les probables premiers ministrables, en compagnie de l’opposant certifiée ISO 22 000 – suivez encore nos regards – avant que le choix ne tombe sur le professeur des universités du Togo Komi Klassou. D’autres indiscrétions citent aussi le très théâtral préposé à la justice togolaise ; mais cette éventualité ne ravirait pas des caciques…
 
Côté départs, on n’en sait pas encore trop formellement. Mais ils étaient déjà nombreux, les ministres actuels à être sur la sellette à cause de leur incompétence notoire ou plutôt des actes obscurs posés. Il y a un notamment qui devrait être parachuté pour son goût notoire pour les rétrocommissions – hum- et son enrichissement insolent. S’agissant des entrées, la nouvelle équipe à former devrait s’ouvrir aussi à des « podosants » (opposants dociles). Il nous revient qu’un candidat au dernier scrutin présidentiel ferait les pieds et les mains pour se tailler une place. Nos sources nous indiquent que dans cette perspective, des opposants très « Faurephiles » devraient monter au créneau pour se produire en s’attaquant bien sûr au leader de l’opposition et ainsi attirer l’attention sur eux. C’est le moment aussi pour les éventuels postulants de faire les jeux de couloir. Un « vieux » ministre qui avait travaillé avec le père et était entre-temps dans les arcanes du football, remue ciel et terre pour y trouver un poste…
 
Susciter une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale
Les gouvernements se suivent au Togo, mais la situation des populations n’a jamais changé. Que Komi Klassou s’en aille donc ou pas, le sort des Togolais ne devrait pas automatiquement se voir améliorer. Il n’y a en tout cas aucun gage. Mais s’il est une constance, c’est que l’action gouvernementale de l’actuel Premier ministre et son équipe est inexistante. Ils n’ont absolument pas impacté positivement la situation des populations. Ce ne sont pourtant pas les idées qui ont manqué ! C’est un programme assez alléchant qui avait été soumis à l’appréciation des députés le 29 juin 2015 par le Premier ministre. Komi Klassou avait dardé que son programme vise le développement socio-économique, la consolidation de l’Etat de droit, la cohésion sociale et la paix ainsi que le rayonnement du Togo dans le concert des nations, et promis d’agir sur quatre principaux fronts, en cohérence avec la vision de son employeur, à savoir l’inclusion économique et sociale en tant que vecteur de la cohésion sociale, la modernisation du pays à travers l’approfondissement des réformes économiques et l’intensification des grands travaux d’infrastructures, la relance de l’agenda des réformes politiques et le meilleur positionnement du Togo dans l’environnement sous-régional et international. Ce programme fut alors adoubé par les députés. Mais à l’épreuve du terrain, le bilan est loin d’être fameux.
 
Si l’on peut concéder que le dernier point est suffisamment atteint, avec l’organisation parfaite du sommet sur la sécurité maritime et la signature de la charte, toutes choses qui ont poli l’image du pouvoir Faure Gnassingbé vis-à-vis de la communauté internationale, la réussite (sic) de Klassou s’arrête là. Les autres points ne sont même pas ébauchés. S’agissant de la question des réformes politiques de l’Accord politique global (APG), il n’est pas difficile de faire le bilan. L’équipe de Komi Sélom Klassou était censée mettre en œuvre le fameux mandat social de Faure Gnassingbé. Mais toute porte à croire que la mise en œuvre de cette promesse n’a pas encore commencé. Les populations n’ont pas l’impression d’en avoir un début de sensation.
 
Manifestement, l’équipe Klassou s’était plutôt employée à organiser le sommet du siècle. On voit bien que sur toute la ligne, l’équipe actuelle a échoué. Il est alors légitime de siffler sa fin, mettre en place une nouvelle et ainsi tenter de redynamiser l’action gouvernementale au service des populations. C’est ici qu’un éventuel remaniement ministériel serait légitime, même si rien n’assure que le futur gouvernement sera plus utile que l’actuel…
 
Source : Tino Kossi, Liberté
 

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