Togo : Sous François Hollande, la Françafrique a la vie dure


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« Les Africains sont joyeux par nature. Ils sont enthousiastes. Ils ont le sourire. Ils applaudissent. Ils voient qu’il y a un monsieur qui passe, cela leur permet d’être sur le bord de la route. Ils sont contents, bien ! » (Jacques Chirac)
 
A son avènement à l’Elysée, François Hollande a tenté de se démarquer des pratiques de ses prédécesseurs qui ont entretenu des relations secrètes et ambiguës avec plusieurs chefs d’Etat africains. On se rappelle les déclarations fracassantes de Jacques Chirac qui disait de l’ex-dictateur togolais Gnassingbé Eyadema qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans qu’il est son « ami personnel », ou encore à propos de l’autocrate camerounais Paul Biya : « nous sommes de vieux amis ».
 
François Hollande, lui, a clairement affiché sa volonté de mettre un terme à la Françafrique. La «Françafrique» est le serpent de mer de la politique étrangère française depuis des décennies. L’expression désigne les relations spéciales – soutien aux dictatures, coups de force, détournements de fonds, financements illégaux de partis politiques français- que Paris entretient avec plusieurs Etats africains. A en croire Robert Bourgi, tous les présidents français depuis De Gaulle jusqu’à Chirac auraient profité de ce système.
 
« Je romprai avec la Françafrique », a martelé François Hollande. Lors de sa première visite au Sénégal en octobre 2012, il avait déclaré devant les députés sénégalais que « le temps de la Françafrique est révolu : il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. » Il a ajouté qu’il comptait bien refermer la longue parenthèse de ces réseaux d’influence qui, depuis les années 1960, mêlaient politique, affaires et affairisme dans les relations entre Paris et ses anciennes colonies. « Les émissaires, les intermédiaires et les officines trouvent désormais porte close à la présidence de la République française comme dans les ministères», a-t-il tranché.
 
Sauf que les vieilles habitudes ont la vie dure. Guidé par les intérêts économiques de la France sur le continent, François Hollande côtoie toujours les vieilles figures de la Françafrique. En juillet 2015, le locataire de l’Elysée, lors d’une tournée en Afrique, a visité deux dictatures, l’Angola dirigé depuis 36 ans par José Edouardo Dos Santos et le Cameroun sur lequel règne Paul Biya depuis 33 ans contre une seule démocratie, le Bénin.
 
« Tout récemment, en octobre 2015, François Hollande a été vertement critiqué pour avoir reçu en grandes pompes le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. IBK, symbole de la nouvelle politique africaine de la France depuis l’opération Serval menée au Mali, est pointé du doigt pour entretenir une amitié forte et pas désintéressée avec Michel Tomi, le parrain corse qui a fait fortune dans le business du jeu en Afrique et est une figure notoire de la Françafrique », rappelle Camille Belsoeur, journaliste à Slate Afrique.
 
Le 21 octobre 2015, François Hollande apporte son soutien au dictateur congolais Denis Sassou Nguesso dans son projet de référendum constitutionnel qui devrait lui permettre de briguer un 3è mandat. « Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit », a-t-il affirmé. Alors que quelques mois auparavant, au sommet de la Francophonie à Dakar, il dissuadait publiquement les dirigeants africains de modifier la constitution de leur pays pour se maintenir au pouvoir. Avec François Hollande, la Françafrique est-elle vraiment révolue ?
 
Source : [04/11/2015] Médard Amétépé, Liberté / 27avril.com
 

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