Par Carlos KETOHOU.
Ce qui se passe au Mali depuis le 10 janvier 2022 annonce une ère nouvelle pour les pays africains de mener une nouvelle tentative d’affranchissement vis à vis des oppresseurs.
Les peuples africains, surtout de l’Afrique subsaharienne sont pour la plupart, martyrisés par leurs propres dirigeants et les contestations populaires, civiles et politiques s’emoussent face à la tyrannie et les répressions aveugles qui prennent constamment le dessus.
C’est face à cette incapacité stoïque des peuples « révoltés » que les putschistes d’ailleurs sont élevés rapidement au piédestal de héros .
Si ce qu’on cherche vainement chez soi reste impossible, on se contente sociologiquement parlant, de se soulager avec les exploits venus d’outre-mer.
C’est donc pourquoi, la témérité, le courage et la résistance des nouvelles autorités maliennes suscitent de l’admiration chez les peuples aigris, frustrés et malmenés par leurs dirigeants.
Dans le contexte actuel, si la résistance malienne abouti dans le bras de fer avec la CEDEAO, cela entraînera indubitablement une émulation contagieuse à travers les nations. Ce sera un coup dur pour l’institution sous régionale qui sera obligée de mener des réformes profondes ou d’être davantage fragilisée, mais pas de disparaître.
Ces réformes, au profit des peuples, sonneront le glas non seulement de la dépendance ombilicale de la CEDEAO de certaines puissances manipulatrices, la France en tête, mais mettront de l’ordre dans ces États où les qui les régentent Chefs règnent en potentats absolus.
Mais si la résistance Goita échoue, le recul sera catastrophique pour les peuples. Le cas d’école deviendra un cauchemar.
C’est le cas de certains peuples qui après avoir mené des révolutions sans succès contre les régimes se retrouvent laminés et maltraités par des dirigeants qui ont renforcé les méthodes de la dictature après avoir pris le poil de la bête.
Depuis hier, la junte malienne reçoit des soutiens de part et d’autres. La Guinée de Doumbouya sans surprise, s’est désolidarisée des décisions de la CEDEAO, l’Algérie va sans doute voler au secours du Mali pour narguer la France, la Russie ne s’est pas encore officiellement prononcée, évitant un scandale, les États étant liés par des accords.
Mais ce n’est pas encore suffisant pour sortir le Mali de ce guêpier.
L’esprit rebelle est populaire puis populiste, et meublé de risques et de sacrifice. Sa méthode a besoin de raison et de réalisme.
J’ai attendu sans suite, depuis le 10 janvier que l’opposition et la société civile malienne donnent le ton d’une mobilisation internationale pour créer une ceinture du feu autour du Mali: Politique, populaire, économique, diplomatique voir militaire.
C’est timide pour l’instant que cet appel.
Pour ma part, je pense que pour aider le Mali, il faut une vaste synergie des forces démocratiques de la sous-région.
Les oppositions, les sociétés civiles, les élites des pays de la CEDEAO doivent s’organiser pour exercer la pression d’une part et le plaidoyer d’autre au sein des États membres et converger ces actions vers la CEDEAO, en vue d’obtenir la levée immédiate de ces sanctions injustes et scélérates qui pénalisent plus le peuple malien que la junte au pouvoir.
Cette synergie, j’avoue sera la clé de voûte permettant de faciliter la démarche du Président de la Transition qui qui dit être ouvert au dialogue avec la CEDEAO en vue d’aboutir à un consensus.
Lequel consensus devant réduire de deux ans au maximum la durée de la transition et les garanties de normalisation d’un pays en proie à des poussées terroristes.
Je suis foncièrement opposé aux sanctions de la CEDEAO, mais je pense que les discours va t’en guerre risquent d’envenimer une situation déjà très fragile.
Toutes les hostilités dans un monde organisé autour des regroupements et des institutions, toutes les guerres finissent autour des tables de discussions.
Autant s’engager plus tôt sur cette lancée plutôt que de s’engager dans des défiances meurtrières sans issues.
C’est mon point de vue.
Il est donc illusoire, voire trop naïf de croire que les gesticulations isolées sur les réseaux sociaux et les incitations à la rébellion des autorités maliennes feront fléchir les partenaires du Mali et sauver le pays.
Heureusement que Assimi Goita tient droit dans ses bottes face aux experts improvisés.
« La raison est hellene, l’émotion est nègre »
Carlos KETOHOU
Le 11 janvier 2022.