Willy Sagnol et le « joueur typique africain » : polémique monstre


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Des propos de l’entraîneur de Bordeaux Willy Sagnol sur les qualités supposées du « joueur typique africain » ont semé la zizanie mardi. Ils lui ont valu les critiques de son ex-partenaire en Bleu Lilian Thuram et de SOS Racisme.
 
Tout est parti d’une vidéo mise en ligne mardi sur le site du quotidien Sud-Ouest après un face-à-face du coach des Girondins avec les lecteurs. Sagnol y dit d’abord que, tant qu’il restera « entraîneur du club, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs des Girondins de Bordeaux, parce que (il n’a) pas envie de (se) retrouver avec 12 joueurs qui, une fois tous les deux ans, se barrent pendant deux mois ». Il était alors interrogé sur la façon dont il allait gérer l’absence de joueurs africains retenus par la prochaine CAN, censée avoir lieu au Maroc en janvier et février 2015.
 
Tout en soulignant l’importance pour les clubs français du réservoir africain, le technicien bordelais juge ensuite que « l’avantage du joueur typique africain, c’est qu’il n’est pas cher quand on le prend, c’est un joueur qui est prêt au combat généralement, qu’on peut qualifier de puissant sur un terrain ». « Mais le foot, ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline, il faut de tout. Des Nordiques aussi. C’est bien, les Nordiques, ils ont une bonne mentalité », ajoute l’ancien joueur du Bayern Munich.
 
Thuram « déçu »
 
Connu pour ses combats antiracistes, Lilian Thuram, son partenaire de la défense des Bleus lors de la finale du Mondial 2006, s’est dit « surpris et déçu » sur Europe 1. « Ça me surprend effectivement, parce qu’il n’a jamais tenu ces propos avant », explique « Tutu », avant d’ajouter : « Malheureusement, il y a toujours eu des préjugés sur les personnes venant d’Afrique, les personnes qui sont noires ; on les enferme toujours dans leur force et on nie chez eux une certaine intelligence. Ces propos, ça conforte ces préjugés-là. Je crois quand même qu’en équipe nationale ou en club, (Sagnol) a dû jouer avec des joueurs d’origine africaine et il a pu peut-être constater quand même qu’il y avait des joueurs intelligents, disciplinés, qui étaient très bons tactiquement. Je suis vraiment surpris et déçu de tout ça. »
 
VIDÉO. L’entraîneur de Bordeaux est dans la tourmente après des déclarations étonnantes sur les joueurs de football noirs.
 

 
SOS Racisme a aussi dénoncé dans un communiqué les propos de Sagnol, qui « renvoient à une expression décomplexée du racisme anti-noir », et a fustigé « l’association crasse des Noirs et des Nordiques respectivement aux registres du physique et de l’intelligence ». L’association demande « que les instances – FFF, LFP et ministère des Sports – prennent des sanctions immédiates à la hauteur de la gravité de tels propos » et « étudie la possibilité de déposer une plainte dans les jours qui viennent ».
 
« Stupeur et indignation »
 
« Willy Sagnol éprouve un sentiment d’incrédulité et de colère face à l’interprétation erronée et raccourcie de ses propos », a fait savoir le club bordelais, qui a accueilli cette polémique avec « stupeur et indignation ». Les Girondins rappellent aussi que l’entraîneur bordelais a confié le capitanat à l’international sénégalais Lamine Sané, « ce qui démontre la mauvaise foi de ceux qui interprètent les propos de (leur) entraîneur ».
 
Cette polémique rappelle évidemment le coup de tonnerre dans le foot français quand, le 28 avril 2011, Mediapart lançait que des « quotas discriminatoires officieux » pour les binationaux avaient été approuvés par « plusieurs dirigeants de la FFF, dont (Laurent) Blanc », alors sélectionneur. Le 30 avril, le site d’information diffusait le verbatim d’une réunion de la Direction technique (DTN) sur le cas des binationaux, enregistrée le 8 novembre 2010, à l’insu des participants. Blanc y prononçait deux phrases qui firent scandale : « Qu’est-ce qu’il y a actuellement comme grands, costauds, puissants ? Les blacks », et « les Espagnols, ils m’ont dit : Nous, on n’a pas de problème. Nous, des blacks, on n’en a pas. » Le sélectionneur, qui avait présenté ses excuses, fut finalement dédouané après enquête fédérale et ministérielle. Meurtri et soumis à une pression médiatique intense, Blanc avait « songé à démissionner ».
 
Lepoint
 

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