Angelo Akakpo propose les conditions d’une alternance pacifique au Togo


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Angelo Akakpo, Coordinateur chargé de la prospective et des affaires juridiques du CRD-Togo


Angelo Akakpo, le Coordinateur du CRD-TOGO, Chargé de la Stratégie, la Prospective et des Affaires juridiques a exposé samedi à Liège, les conditions d’une alternance pacifique au Togo. Lors de la Journée de Réflexion et d’Actions Citoyennes organisée par des Mouvements politiques citoyens de la Diaspora togolaise dans le cadre du projet ID-2015, le responsable du CRD-Togo.
 
La proposition d’Angelo Akakpo s’articule en 5 points. Le premier point concerne la nécessité d’une forte organisation des partis de l’opposition. Ensuite, le coordonnateur des affaire juridique du CRD-Togo appelle à la prise de conscience du jeu politique du « tour à tour ». Au 3e point, il s’agit du partage de valeurs communes fondamentales. Le 4e point concerne la présomption de la capacité et des compétences de gestion des affaires de l’Etat togolais par l’opposition. Le dernier point n’est autre que celle concernant la nécessité des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
 
Togo Breaking News vous propose l’intégralité de l’exposé d’Angelo Akakpo.
 

LES CONDITIONS D’UNE ALTERNANCE POLITIQUE PACIFIQUE AU TOGO,
 
EXPOSÉ PRÉSENTÉ PAR : Mr. Angelo AKAKPO, Coordinateur du CRD-TOGO,
 
Chargé de la Stratégie, la Prospective et des Affaires juridiques

 
Liège, Belgique, 25 octobre 2014
 
Chers Soeurs et Frères de la Diaspora;
 
Chers invités et Amis du Togo en Europe ;
 
C’est à la fois un grand honneur et un immense plaisir d’être au nom du CRD-TOGO présent aujourd’hui à cette Journée de Réflexion et d’Actions Citoyennes organisée par des Mouvements politiques citoyens de la diaspora togolaise dans le cadre du Projet ID-2015, trois semaines après la tenue de la première Université populaire du CRD-TOGO et du Mouvement KEKELI, le 04 octobre dernier ici en Belgique, sanctionné par l’Appel de Bruxelles appelant le Peuple togolais à la Métamorphose et au Référendum d’Initiative Populaire (RIP) sur les réformes sur la base de l’article 4, alinéa 3 de la Constitution togolaise de 1992.
 
A l’heure où nous sommes ici réunis pour réfléchir sur l’avenir de notre pays, des manoeuvres politiques électoralistes poursuivent inlassablement leur cours sur la terre de nos Aïeux en parfaite ignorance de la lettre pastorale publiée le 1er octobre 2014 par les églises catholique, protestante et méthodiste du Togo appelant toute la classe politique à poursuivre dans un esprit de compromis les réformes constitutionnelles et institutionnelles avant la tenue de la présidentielle de 2015 à laquelle s’ajoute la publication de la Déclaration du 10 octobre 2014 de la Délégation de l’Union européenne en accord avec les Chefs de mission des Etats Membres de l’Union européenne au Togo, l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique ainsi que la Coordinatrice résidente du système des Nations unies accrédités au Togo réaffirmant unanimement la nécessité desdites réformes avant l’élection présidentielle.
 
Ce qui se passe actuellement au Togo n’est rien d’autre que la planification stratégique d’une nouvelle mascarade électorale censée se tenir à la fin du premier trimestre 2015. Pour ce faire, la majorité présidentielle et une bonne partie des forces de l’opposition mettent actuellement tout en oeuvre, chacune de son côté, pour préparer et formater psychologiquement le Peuple togolais à participer à une malsaine destruction de la Révolution populaire du 5 octobre 1990 afin de pouvoir sonner définitivement le glas du progrès et de la démocratie dans notre pays.
 
Du côté du pouvoir, c’est dans un climat de sérénité et de confiance que les divers leviers de la machine électorale qui a déjà fait montre de son efficacité sont en voie d’être actionnés pour proclamer dans le calme la troisième victoire électorale de Faure GNASSINGBÉ.
 
Monsieur Aboudou ASSOUMA qui vient d’être à nouveau désigné par le Chef de l’Etat comme président de la Cour Constitutionnelle alors qu’il avait déjà présidé cette institution en 2010 a annoncé les couleurs sur les médias togolais en répondant clairement à la nécessité des réformes exigée par tous en ces termes : « la page des réformes est tournée depuis le 30 juin à la suite du rejet par l’Assemblée Nationale du projet de loi sur ces réformes. Les députés sont des élus du peuple, ils ont décidé en toute souveraineté. Tous les citoyens doivent se plier à ce choix opéré par les élus du peuple. La classe politique doit plutôt s’atteler aujourd’hui à une organisation apaisée de l’élection présidentielle de 2015 ».
 
Monsieur Issifou Taffa TABIOU est à nouveau élu président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) alors que celui-ci a dirigé cet organe lors de la présidentielle de 2010.
 
Le Lieutenant-colonel Massina YOTROFEI, ex-patron de la célèbre Agence Nationale des Renseignements (ANR) nommément cité dans le rapport de février 2012 de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) sur la violation des droits de l’homme et la torture vient d’être nommé ce 09 octobre 2014 à la tête de la Direction de la gendarmerie nationale.
 
De plus, le pays vient d’être subdivisé en deux grandes régions militaires et deux grandes régions de gendarmerie. Les deux nouveaux Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) créées au sein de l’armée, l’une pour les régions maritime et des plateaux et la seconde pour les régions Centrale, Kara et Savanes sont censées faire face au nouveau défi sécuritaire que représente le terrorisme, les rebellions, la criminalité transfrontalière et les trafics de tout genre. Leurs responsables respectifs ont été aussi nommés par décret présidentiel à l’issue du conseil des ministres du 09 octobre 2014.
 
Force est de reconnaître que le déploiement de tout cet arsenal à la veille de l’élection présidentielle de 2015 laisse déjà augurer de manière objective le sort qui sera réservé aux résultats issus des urnes, au contentieux électoral et à toute tentative d’insurrection populaire en cas de la proclamation de la victoire du candidat de la majorité présidentielle actuellement au pouvoir.
 
Du côté de l’opposition togolaise sérieusement hantée par une crise de pouvoir, d’hégémonisme, d’autoritarisme interne et de populisme, le recours aux vieilles recettes électoralistes qui ont toujours fait leur preuve refont apparition. Pendant qu’elle est exhortée par la population à dégager sur la base d’un consensus un candidat unique pour pouvoir être en mesure de remporter la prochaine élection présidentielle et prendre le pouvoir, le Président national de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Monsieur Jean-Pierre Fabre, a été rapidement investi candidat de son parti le 11 octobre dernier. Le Collectif Sauvons le Togo (CST) et la Coalition Arc- en-ciel qui se sont réunis en conclave du 1er août au 14 octobre 2014 ont de leur côté décidé de présenter un candidat unique à la prochaine élection présidentielle. La grande question qui se pose est de savoir si les autres partis politiques de l’opposition autres que le Collectif Sauvons le Togo et la Coalition Arc-en-ciel s’aligneront derrière le candidat de l’ANC dans la perspective de la candidature unique souhaitée. Dans une récente intervention sur les médias, Monsieur Eric DUPUY, Secrétaire à la communication de l’ANC semble vouloir anticiper la solution en déclarant : « Nous avons la majorité au sein de l’opposition ». La guerre d’hégémonie est ainsi officiellement déclenchée et l’opposition affrontera, sans aucun doute, le candidat de la majorité présidentielle en rang dispersé.
 
En présence d’une machine électorale très contestée pour son incapacité à garantir la transparence du scrutin et la vérité des résultats issus des urnes, la simple course à la désignation par chaque parti de l’opposition de son propre candidat ou la présentation d’un candidat unique suffira-t-elle pour garantir la victoire de l’opposition ou la proclamation de celle-ci face au candidat du RPT-UNIR ?
 
Il convient de rappeler que depuis le déclenchement formel du processus de démocratisation de notre cher pays, le 5 octobre 1990, la succession des élections présidentielles et législatives a été toujours marquée par la victoire déclarée du RPT, devenu UNIR, qui est en voie de s’enraciner comme un parti majoritaire sans aucune perspective d’alternance.
 
Dans notre pays où une grande partie de la population se reconnaît officiellement dans l’opposition, il est incompréhensible que le RPT-UNIR soit toujours au pouvoir et les autres partis toujours dans l’opposition. Il n’est pas surprenant qu’une telle situation provoque de facto un sentiment de frustration auprès des citoyens qui ne cessent de contester la légitimité d’un pouvoir auquel ils n’adhèrent pas, et dont la véritable vision politique leur paraît de moins en moins compréhensible, tandis que les privilégiés du RPT-UNIR semblent irrévocablement avoir perdu l’esprit de loyauté et de solidarité mutuelle qui leur eût permis d’agir ou tout au moins de chercher à agir dans l’intérêt supérieur de la Nation entière.
 
Pour redonner l’espoir au Peuple quant à la poursuite et le renforcement du processus de démocratisation de notre pays, seule la succession régulière au pouvoir de différents partis politiques ou de deux coalitions de partis affrontées, en d’autres termes l’alternance politique, contribuera à rassurer l’opinion en lui faisant constater que tous les Peuples du Togo et le respect des droits et des libertés fondamentales garantis par la Constitution survivront toujours aux changements de gouvernement.
 
A ce jour, une partie de la population togolaise nourrit toujours la crainte de voir renverser le RPT-UNIR, et accéder au pouvoir des hommes qui y étaient officiellement opposés depuis 24 ans. Une autre partie de la population togolaise éprouve une grande exaspération à toujours voir se dérober sans cesse devant elle ce qui lui paraît évident et à portée de main. Une autre partie de la population togolaise croît à l’illusion que tout deviendrait possible si l’opposition gouvernait enfin elle-même. Autant de sentiments politiquement nocifs dont les Togolaises et Togolais souhaitent se libérer.
 
Notre Constitution de 1992 a envisagé le problème de l’alternance politique pacifique en instaurant le multipartisme, le pluralisme politique, économique et syndical, l’organisation d’élections disputées, bref en organisant la vie démocratique togolaise.
 
Personne ici dans cette salle ne saurait nous démontrer que l’alternance politique n’est pas souhaitable au Togo, et que son absence n’aurait aucune conséquence nuisible sur les aspirations légitimes du peuple. Mais la principale question qui se pose est de savoir si l’alternance politique pacifique souhaitable par tous peut-elle être pour autant possible au Togo avec une majorité présidentielle inamovible depuis bientôt 48 ans après la prise de pouvoir le 13 janvier 1963 par feu Eyadéma GNASSINGBÉ, père de Faure GNASSINGBÉ.
 
C’est la recherche de réponse à cette interrogation qui justifie la thématique sur les conditions d’une alternance politique pacifique au Togo sur laquelle nous voudrons aujourd’hui vous entretenir sommairement.
 
D’après Michel LASCOMBE, l’un des maîtres du droit constitutionnel français, le terme « alternance » désigne « le changement de la majorité au pouvoir ». Ce qui présuppose le changement de la majorité à l’assemblée nationale. Ainsi, il n’y a pas d’alternance politique lorsque le président n’est pas issu de la majorité parlementaire. On parle plutôt de cohabitation politique. L’alternance politique pacifique est le changement de l’équipe au pouvoir par la seule décision des électeurs.
 
Notons que dans l’histoire politique de la France, par exemple, une forte démocratie, il n’y avait eu aucune alternance politique de 1958 à 1981, soit 23 années où la droite avait gouverné seule sans partage. Mais, depuis 1981, la gauche accède au pouvoir, l’alternance étant devenue la condition essentielle d’existence même de l’opposition.
 
Au Togo, après 24 années de lutte démocratique (1990-2014), nous sommes passés de l’absence de majorité sous le régime du parti unique RPT, à la majorité sans alternance avec le RPT-UNIR dans un contexte multipartiste. Le RPT-UNIR s’installe et compte défendre sa majorité étroite à un moment où une grande majorité du peuple plaide pour l’alternance politique. Certes, rien ne préserve la majorité RPT-UNIR contre le déblocage de l’alternance.
 
Il semble ici de rappeler qu’il eût fallu, pour que le président Eyadéma GNASSINGBÉ et le RPT puissent échapper à l’alternance pacifique, un rare concours de maladresse dans l’opposition, une prépondérance obstinée des extrêmes en son sein, des désordres de style et les intérêts de la politique française.
 
Il nous faut à présent examiner ensemble les conditions essentielles du déblocage de l’alternance politique pacifique au Togo. Ni la politologie, ni le droit institutionnel n’ont prévu une typologie de conditions pour garantir l’alternance politique pacifique d’un pouvoir autoritaire à un pouvoir démocratique. Par conséquent nous allons dans le contexte du Togo dégager ces conditions au regard des expériences de la lutte politique menée par l’opposition depuis 1990.
 
1. La nécessité d’une forte organisation des partis de l’opposition
 
Ne cherchons pas ailleurs la raison déterminante et même suffisante de l’inefficacité des partis de l’opposition togolaise malgré les nombreux discours sur l’alternance.
 
Dans toute démocratie, les partis de l’opposition sont une des conditions régulières de l’alternance, mais à condition qu’ils soient homogènes, disciplinés et dirigés par des hommes d’Etat susceptibles d’imposer l’ordre par l’action. L’opposition togolaise actuelle s’oriente depuis 1994 d’après le vent du pouvoir, empressé pour renverser ce dernier tout en l’aidant au contraire à se renforcer. L’opposition n’a pas toujours surmonté la propension à la désorganisation, la fragmentation et à l’indiscipline. Elle est encore loin d’intégrer les prérequis indispensables pour être véritablement une force de l’alternance.
 
En outre, le poids politique, financier et militaire de la majorité RPT-UNIR au pouvoir laisse objectivement conclure que l’opposition togolaise dans sa forme et configuration actuelle ne peut pas constituer une solution de rechange d’une alternative véritable.
 
Dans un tel contexte, une véritable alternance politique au Togo ne sera possible qu’à travers une forte alliance de tous les partis politiques de l’opposition constituée sur la base d’un programme commun. Dès lors que ce groupe influent et organisé de partis lucides et visionnaires sera créé, la question de l’alternance surgira naturellement au sein de la majorité RPT-UNIR. L’alternance se produira alors entre cette nouvelle alliance de partis dotée d’un programme commun et le RPT-UNIR, car il s’agirait du jeu normal du régime démocratique.
 
En d’autres termes, pour qu’il puisse y avoir une alternance politique pacifique au Togo, il suffit qu’il y ait en face du RPT-UNIR une force rassemblée, organisée, patriotique et visionnaire, capable de devenir elle-même une majorité. Toutefois, la création d’une forte et unique alliance de l’opposition ne jouera pas le jeu de l’alternance aussi longtemps que toutes les autres conditions suivantes de l’alternance pacifique ne sont pas réunies.
 
2. La prise de conscience du jeu politique du « tour à tour »
 
Pour réussir l’alternance pacifique au Togo, il faudra dissiper le soupçon et la crainte que nourrit le RPT-UNIR de perdre pour toujours le pouvoir. La maxime politique populaire d’après laquelle on prend le pouvoir pour le garder est l’antagonisme de la démocratie et de la Loi de l’Equilibre qui régit l’Univers.
 
D’après le Doyen Léon HAMON, éminent juriste et homme d’Etat français, l’alternance pacifique n’est possible et acceptable pour tous les partis que si le changement de majorité qui s’opèrera au profit d’un parti ou d’une coalition de partis auparavant dans l’opposition, ne doit pas exclure pour l’avenir la possibilité d’un changement inverse ramenant le précédent parti au pouvoir. L’exemple du Bénin voisin est très illustratif de cette condition de l’alternance pacifique. Le président Mathieu KEREKOU qui avait dirigé le Bénin pendant 18 ans de manière autoritaire a été battu lors de l’élection présidentielle de 1991 par Nicéphore Soglo. Il a accepté le résultat issu des urnes et s’est retiré du pouvoir comme le requiert le jeu démocratique de l’alternance pacifique. Il revient au pouvoir suite à des élections démocratiques en avril 1996 avant d’être réélu en mars 2001. Il n’a pas pu se représenter à la fin de son mandat en 2006.
 
Pour le Doyen HAMON, « le propre de l’alternance est d’être un mouvement qui ne se fait pas une fois pour toutes, mais tour à tour de l’un à l’autre et de l’autre à l’un. Si c’est une navette, il ne faut pas qu’elle aille à des positions extrêmes qui casseraient le métier. Aussi bien un peuple lucide ne vote pas pour celui dont l’avènement est un voyage d’aller sans retour concevable ». Il en résulte que si le Peuple togolais refusait sa confiance au RPT-UNIR, celui-ci renoncera volontairement au pouvoir pour reprendre la lutte dans l’opposition dès lors que l’opposition paraitra plus rassurante quant aux possibilités de retour du RPT-UNIR après un premier changement.
 
3. Le partage de valeurs communes fondamentales
 
L’alternance suppose aussi l’attachement de tous les acteurs politiques au respect des droits et libertés garantis par la Constitution, à la dignité de la personne humaine, à la loyauté envers la Nation, au vivre-ensemble des peuples du Togo, au bien-être de tous les togolais, au pardon et à la réconciliation. Ces valeurs communes structurées avant tout par l’Amour doivent guider les actes politiques de tous les partis de même que la société civile, et doivent être réciproquement ressentis dans le comportement des élites politique et militaire dirigeantes pour pouvoir cultiver une confiance réciproque entre l’opposition et le pouvoir. A cet égard, Alain PEYREFITTE (1925-1999), homme politique et diplomate français, précise clairement que pour qu’il y ait une alternance politique, il faut obligatoirement « un consensus minimum où se rejoindraient une majorité et une opposition accordées sur l’essentiel… bref l’acceptation des fondement du régime et de la société ».
 
A ce jour, quelles sont les valeurs essentielles sur lesquelles on pourra objectivement conclure que l’opposition togolaise et la majorité au pouvoir s’accordent si ce n’est le particularisme, l’hégémonisme, l’arrogance, la duplicité et la fourberie ? Aussi longtemps que règne un climat de méfiance réciproque et d’intolérance entre l’opposition et la majorité présidentielle en raison de l’absence de valeurs communes partagées par tous, il serait difficile d’entrevoir une alternance pacifique au Togo. D’où la nécessité de dégager un Consensus Républicain dans l’intérêt supérieur de la Nation tout entière !
 
4. La présomption de la capacité et des compétences de gestion des affaires de l’Etat togolais par l’opposition
 
L’alternance politique ne se produira pas au Togo s’il ne se créait pas une opinion majoritaire selon laquelle l’opposition saura être capable de gérer seule les affaires de l’Etat au commandement duquel elle voudra accéder. Il paraît ici utile de rappeler que la crise politique togolaise est considérablement impactée par des clivages et la méfiance entretenus à dessein entre les peuples du Nord et ceux du Sud de même que les forces armées togolaises (FAT) et la population.
 
Dès lors, les impératifs de gestion des affaires du Togo peuvent être difficiles à assumer pour ceux qui sont portés par un immense espoir et qui veulent faire des changements radicaux. Il n’est pas à écarter que l’opposition, une fois au pouvoir cherchera à faire des reformes afin que l’électorat qui l’a porté au pouvoir puisse réaliser les changements par rapport au pouvoir RPT-UNIR. Mais, l’opposition ne saura du jour au lendemain ou d’une année à l’autre faire une révolution en bouleversant tout de fond en comble la société togolaise qu’elle aura trouvée. Elle sera obligée de gérer les affaires de l’Etat telle qu’elles sont, en assurant le respect de toutes les contraintes d’équilibre économique et de cohérence publique qu’il s’agisse de la production, de la consommation, des investissements, de la santé, de l’éducation du maintien de l’ordre ou de la défense nationale.
 
Pour tout parti de l’opposition qui prétend accéder au pouvoir au Togo, il n’existera pas de tâches plus difficiles que de défendre à la fois les intérêts des travailleurs, les intérêts des forces de l’ordre et de sécurité et les intérêts généraux de la Nation. Faire croire à la population togolaise que tout va brusquement changer avec l’avènement de l’opposition au pouvoir et que rien ne sera plus comme avant relève d’une pure illusion. Une telle approche joue contre l’alternance politique pacifique sinon est complice du statu quo politique !
 
L’opposition doit pouvoir d’ores et déjà démontrer clairement comment elle compte gérer la société togolaise telle qu’elle la trouvera après le départ du RPT-UNIR au risque de ne jamais obtenir la confiance pour l’alternance pacifique. Mais, si elle l’obtenait par le hasard des choses et sans aucune idée réelle sur la gestion de la société laissée par le RPT-UNIR, les conséquences des désordres consécutifs à la mauvaise gestion du RPT-UNIR seront telles qu’elle sera ensuite chassé du pouvoir et pour longtemps.
 
C’est dans cet ordre d’idées qu’il s’avère nécessaire, pour prétendre à l’alternance politique pacifique au Togo, que l’opposition écarte la suspicion à son égard au sujet de sa capacité de gestion des affaires de l’Etat après l’actuel pouvoir RPT-UNIR. Elle ne s’approchera de l’alternance qu’en devenant plus rassurante au sujet de son mode de gestion. Dès lors, lorsqu’une grande partie de l’élite politique au sein du RPT-UNIR sera persuadée qu’il y aura un changement profond mais non révolutionnaire, elle va de facto revoir ses rapports avec l’opposition qui pourra alors devenir véritablement l’alternative politique.
 
L’alternance pacifique au Togo présuppose que l’opposition reconnaisse qu’il y a une certaine réalité qui doit survivre à un changement de coloration politique. En d’autres termes, il n’y aura pas d’alternance sans un Consensus Républicain entre les forces politiques en présence !
 
Si l’opposition laisse toujours croire qu’en arrivant au pouvoir, elle commencera par détruire la structure actuelle des forces de l’ordre et de sécurité, s’attaquer aux acquis de « la vieille machine de l’Etat » pour en créer une toute autre à sa manière, il n’y aura évidemment pas d’alternance politique pacifique possible au Togo. On pourra encore attendre pendant 20 ans ou alors changer de stratégie et de tactique politiques pour la lutte armée aux lendemains incertains et qui nous ramènera nécessairement au Consensus Républicain pour la stabilité des institutions de la République !
 
Chers Soeurs et Frères de la Diaspora;
 
Chers invités et Amis du Togo en Europe ;
 
Pour l’instant, l’opposition sur le territoire national est loin de remplir les exigences pour être la majorité de rechange au Togo. Mais il est encore temps et nous sommes convaincus que c’est maintenant ou jamais qu’ensemble nous devons travailler coeur à coeur et main dans la main pour constituer une alternative véritable à même d’incarner l’alternance. Pour ce faire, la constitution d’une forte alliance des partis de l’opposition voire des mouvements citoyens sur la base d’un programme commun s’impose.
 
Dès lors seulement que l’oeuvre de démocratisation du Togo pourra enfin amorcer le tournant du cycle de changement consubstantiel à la vie, et notre peuple accèdera à l’équilibre indispensable pour son épanouissement harmonieux. Cela ne se peut bien entendu sans les réformes constitutionnelles et institutionnelles, premier jalon majeur du Consensus Républicain.
 
5. La nécessité des réformes constitutionnelles et institutionnelles
 
L’heure de l’alternance politique pacifique ne sonnera pas pour le Togo tant que subsistera dans notre pays une majorité et une opposition constitutionnelles qui ne soient pas en mesure de rendre les réformes constitutionnelles et institutionnelles possibles. L’opposition togolaise a-t-elle ignoré que la tâche des hommes d’Etat est de faire que le nécessaire devienne possible ?
 
L’alternance politique pacifique est fondamentale pour le Peuple togolais en ce sens qu’il revient à lui, détenteur de la souveraineté, de déterminer une orientation politique, de formuler à travers l’expression d’un vote, un choix politique fort et original le temps d’une législature. Cela signifie que pour qu’il y ait alternance politique au Togo, le peuple doit prendre part et prendre parti. A ce titre l’article 4, alinéa 3 constitutionnalise la démocratie directe par l’usage du référendum. Ainsi, chaque Togolaise et Togolais connait avec précision le titulaire de la souveraineté, à savoir le Peuple togolais, le corps des citoyens, à l’exclusion de tout parti politique ou de tout individu. C’est pourquoi, il revient aujourd’hui au Peuple togolais de réclamer haut et fort à travers le Référendum d’Initiative Populaire (RIP), la poursuite des réformes constitutionnelles et institutionnelles avant l’élection présidentielle projetée pour l’année prochaine. Sans lesdites réformes, il n’y aura pas d’alternance politique pacifique possible au Togo et le rendez-vous de la présidentielle de 2015 ne sera qu’une imposture et escroquerie politiques de plus !
 
Les réformes constitutionnelles et institutionnelles représentent la seule condition fondamentale et obligatoire qui rendra l’alternance politique pacifique possible au Togo si les autres conditions essentielles évoquées précédemment sont réunies, et il faut aussi, si l’on veut être conséquent, travailler à la réalisation de cette condition fondamentale ; faute de quoi l’alternance risque d’être à la fois bruyamment souhaitée et rendue impossible. Ce qui serait fort dommage pour la Nation tout entière !
 
C’est donc le lieu pour nous au nom des Coordinations du CRD-TOGO et du Mouvement KEKELI d’inviter tous les mouvements citoyens et organisations politiques soucieuses de l’intérêt supérieur du Peuple togolais à nous rejoindre dans la campagne pour le Référendum d’Initiative Populaire (RIP) sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles que nous avons lancées depuis Bruxelles, le 04 octobre 2014, et officiellement sur toute l’étendue du territoire togolais depuis le 23 octobre dernier par l’appel lancé sur Radio Victoire FM à Lomé.
 
La Coordination nationale du Mouvement KEKELI dirigée par le Pasteur Godwill NYONATOR, membre de l’ANC, est actuellement à pied d’oeuvre en vue de la mise en place du Comité national de référendum d’initiative populaire (CNRIP) sur les réformes qui est chargé de la collecte des 500.000 signatures d’électeurs.
 
Je vous remercie de votre attention et vous invite à me faire part de vos questions et commentaires.
 
Lumière sur nous et que Dieu bénisse le Togo et chacun de ses enfants !
 

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