Présidentielle 2015 : Verrouillage institutionnel et militaire pour un nouveau coup de force électoral


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La tragédie électorale au Togo est loin de connaître une fin tant que le système autocratique en place refusera toute possibilité d’alternance au sommet de l’Etat. Après 38 ans de règne sans partage et sanglant du père, voici le fils qui s’active pour un bail à vie à la tête du pays. Pour y arriver, il se donne les moyens et déroule en toute sérénité son dispositif.
 
En prenant le pouvoir en avril 2005 après le massacre d’un millier de Togolais, Faure Gnassingbé avait déjà prouvé qu’il ne lâchera pas de si tôt le pouvoir. « Notre père nous a dit de ne jamais laisser tomber le pouvoir, au risque de ne plus jamais l’avoir », avait-il dardé. Après dix années passées au sommet de l’Etat, le fils estime n’en avoir pas assez « joui », et le voilà désormais pour un règne sans fin. Pour y arriver, non seulement il refuse d’opérer les réformes, comme il s’y était engagé en signant l’Accord politique global (APG) le 20 août 2006, mais il déploie depuis quelques semaines un dispositif de verrouillage de tout le pays. La Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle, est amenée à faire allégeance au Prince au Palais de la présidence dans une comédie de prestation de serment au nom d’une loi organique scélérate attentatoire à l’éthique. Moins de deux semaines plus tard, son président Aboudou Assouma s’invite avec fracas dans le débat sur les réformes pour signer l’arrêt de mort de l’APG, confirmant ainsi la caporalisation de l’institution dont il a la charge. La Cour constitutionnelle, juge de la constitutionnalité des lois, garante des droits fondamentaux de la personne humaine, des libertés publiques, juge de la régularité des consultations électorales, a désormais choisi de façon ostentatoire son camp.
 
Pendant qu’ Aboudou Assouma se met à la disposition des humeurs de Faure Gnassingbé, donnant déjà une idée de l’issue de la prochaine élection, le pouvoir s’est décarcassé pour mettre le grappin sur la Ceni en ramenant à sa présidence un certain Taffa Tabiou, membre d’une certaine société civile Unir, artisan de la fraudes électorales de 2010. On ne change pas une équipe qui gagne, disons qui fraude. Aboudou Asosuma à la tête de la Cour Constitutionnelle, Taffa Tabiou à la Ceni, voilà le duo infernal de 2010 pour rééditer le même terrorisme électoral que nous avons connu.
 
A l’époque, non seulement on a bourré les urnes, corrompu les délégués, traficoté les procès- verbaux, coupé le VSAT, mais aussi on est allé jusqu’à empêcher l’adversaire de compiler ses propres résultats en faisant une descente musclée au Cesal pour saisir les ordinateurs et tous les documents. Des méthodes crapuleuses que la Cour Constitutionnelle a jugées régulières en avalisant l’élection de Faure Gnassingbé à la tête du pays. Ce dispositif institutionnel en place, Faure déploie un dispositif militaire pour dissuader tous ceux qui se dresseront contre son ambition morbide de garder le pouvoir pour toujours. Au nom d’une certaine lutte contre la menace terroriste, on déroule un projet de sur-militarisation du pays pompeusement appelé « refondation ». Toute analyse faite, il s’agit pour le rejeton d’Eyadéma de renforcer les leviers de son pouvoir à vie. On crée des régions militaires, de nouvelles unités alors que le pays est depuis 50 ans maillé de garnisons qui grèvent le budget de l’Etat. Même la Force Sécurité Election Présidentielle (FOSEP ) 2015 est placée sous l’autorité du ministre de la Défense qui se trouve être Faure Gnassingbé lui-même. A la tête des unités de forces de l’ordre comme la Gendarmerie, on nomme des tortionnaires assermentés, ceux qui ont pris la liberté de faire subir à certains citoyens les pratiques de torture à la nord-coréenne. Faure Gnassingbé à la tête d’un système archaïque et autiste a désormais fait le pari du jusqu’au-boutisme, advienne que pourra.
 
En avril 2005, un millier de Togolais avaient été sacrifiés pour lui permettre de s’asseoir dans le fauteuil présidentiel. L’ONU a établi un rapport, mais personne n’a été inquiété. Une assurance, mieux, une impunité qui poussera forcement à rééditer l’exploit macabre. Le Togo est ainsi prêt à rentrer de nouveau dans une forte zone de turbulences, avec un avenir incertain. Il ne reste qu’à dire aux uns et aux autres d’attacher leurs ceintures.
 
Ferdi-Nando
 
L’Alternative Togo
 

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