Arrestation,répression,exaction,pillage…le bilan de la descente des militaires


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Les ressortissants disent non à la faune
 
Depuis la révolte des 6 et 7 novembre 2015 avec le lourd bilan de 7 morts par balles et de nombreuses arrestations, la ville de Mango est toujours au centre de toutes les tensions et convulsions. Face aux revendications des populations, notamment l’abandon du projet de réhabilitation des aires protégées, la libération de tous les détenus, le limogeage du préfet autoritaire, le pouvoir de Faure Gnassingbé n’a d’autres solutions que la force brute. Une brutalité qui contribue à envenimer la situation.
 
Le jeudi 26 novembre, une manifestation pour exiger la libération des trois derniers détenus incarcérés à Dapaong a tourné à l’émeute . Face à l’usage des gaz lacrymogènes des forces de l’ordre, les manifestants ont répondu par des jets de pierre, des pneus brulés , des barricades, le saccage du véhicule du Président de la délégation spéciale, et le pic, le lynchage du Commissaire régional des Savanes Mouzou Kossi.
 
Pour contrer cette situation qui ressemble fort à un début d’insurrection, le pouvoir de Faure Gnassingbé a dépêché des renforts militaires dans la ville, notamment les bérets rouges de Kara, les bérets noirs du Camp Nipourma plus au Nord et ceux de Temadja au Sud. Matraques, gourdins, fusils à balles réelles, tels sont les instruments de répression dont ces militaires ont fait usage pour transformer la ville de Mango en un champ de guerre.
 
Des maisons entièrement brulées, des boutiques saccagées et pillées, des engins à deux roues incendiés, des pirogues détruites , voilà le triste spectacle auquel se sont livrées les forces armées dont la mission première est de protéger le territoire et les citoyens.
 
Un vendredi noir qui a vu les populations de cette ville quitter leurs domiciles pour se réfugier dans la cour du centre de santé. D’autres, notamment les jeunes, pour fuir les exactions, ont pris le chemin du Ghana dont la frontière se trouve à 5 km. C’est après ces exactions d’une rare sauvagerie que Faure Gnassingbé a cru bon devoir limoger le tristement célèbre colonel Préfet Awaté Hodabalo, annoncer l’installation d’un nouveau chef canton et enfin, donner l’ordre pour le repli des militaires après leur opération de « vengeance » sur les populations civiles aux mains nues.
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Dans la foulée, Jacques Ouadja Gbandi, un homme aussi controversé, cité dans le rapport de la CNDH comme ayant participé aux séances de torture contre les détenus de l’affaire d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, a été nommé le préfet. Un gendarme controversé à la place d’un militaire tristement célèbre pour dire aux populations de Mango que seule la force pourra les tenir en respect.
Si dans la ville, il règne un calme précaire, la tension est toujours perceptible suite aux nombreuses exactions et pillages exercés par les militaires dépêchés en renfort. La ville elle-même ressemble à un champ de guerre avec des maisons brulées , des boutiques saccagées. Un jeune homme a d’ailleurs été tué, portant le bilan à 8 civils . A Lomé, les ressortissants de Mango ne décolèrent pas . La marche prévue samedi a été étouffée par un impressionnant dispositif de sécurité au carrefour Tokoin Trésor.
 
Les mesures prises en Conseil des ministres permettront-elles de mettre fin à la spirale de la violence dans cette ville ? Rien n’est moins sûr tant que les jeunes encore détenus à Dapaong ne seront pas libérés . Une chose est certaine, à voir l’expédition de l’armée à Mango , Faure Gnassingbé vient une fois encore de démontrer, comme ce fut le cas en 2005, qu’il est prêt à utiliser les militaires pour massacrer de nouveau les Togolais . Ces exactions insoutenables et sauvages se déroulent quelques semaines après que le Togo a intégré la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies.
 
Entretemps, Amnesty International publie un communique le 1er décembre où l’organisation demande vertement au régime de Faure Gnassingbé d’ouvrir une enquête sur les morts des manifestations de Mango. Lire le communiqué ci-dessous
 
Source : [01/12/2015] Ferdi-Nando, L’ALTERNATIVE – N°479
 
La soldatesque de Faure Gnassingbé à l’oeuvre à Mango | Caricature : Donisen Donald / Liberté
 
 
Communique d’Amnesty International sur les violences à Mango
 
Togo. Les autorités doivent ouvrir une enquête sur la mort de sept personnes dans le cadre de manifestations
 
Le Togo doit ouvrir une enquête impartiale devant une juridiction civile indépendante pour identifier, arrêter et juger les responsables de la mort de sept personnes dont trois par balle au cours de récentes manifestations, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
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Vendredi 27 novembre, une personne a été tuée par balle au cours de nouveaux heurts entre les forces de sécurité et la population de la ville de Mango au nord du pays. La veille, un responsable des services de police a été tué par une foule en colère.
 
Des manifestations avaient commencé depuis fin octobre dans la ville où les populations protestaient contre le projet de création d’une aire protégée. Trois manifestants ont été écrasés par un véhicule blindé de l’armée et deux autres tués par balle entre le 6 et le 7 novembre. Au moins 30 personnes dont deux policiers ont été blessées. 50 personnes ont été arrêtées dont trois sont toujours en détention.
 
Rien ne peut justifier les violences graves ayant entrainé la mort de six manifestants et d’un policier. Les responsables, qu’ils soient des manifestants ou des éléments des forces de sécurité, doivent être identifiés, arrêtés et présentés devant la justice civile ordinaire dans le cadre d’un procès équitable
 
François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International.
 
« Les autorités doivent s’assurer que les forces de sécurité ne fassent pas un usage excessif et arbitraire de la force et les manifestants doivent cesser d’avoir recours à la violence pour revendiquer leurs droits ».
 
Un homme de 39 ans est mort d’une balle au ventre et un jeune de 18 ans d’une balle au front le 7 novembre. Le père de ce dernier a déclaré à Amnesty International : « Le matin, il était parti au travail avant que les manifestations ne dégénèrent. Je ne savais même pas qu’il était dans la foule. On est venu seulement me dire qu’il était mort. J’ai vu le corps, il a reçu la balle au côté gauche du front».
 
Dans un communiqué du gouvernement en date du 28 novembre, les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête et l’adoption de mesures disciplinaires à l’encontre des éléments des forces de sécurité. Le gouvernement a également ordonné le repli des militaires déployés dans la ville pour assurer le maintien de l’ordre. Ces mesures constituent une avancée, mais demeurent insuffisantes.
 
« De véritables poursuites criminelles devant la justice civile ordinaire doivent être engagées à l’encontre des responsables des actes de violence ayant entrainé la mort de personnes», a déclaré François Patuel.
 
Amnesty International
 

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