Editorial de Fenêtre sur l’Afrique du 27 août 2016 / Réformes politiques au Togo : L’énième fourberie d’Etat du système UNIR ?


Nous aurions aimé entamer cette reprise sur une note plus gaie, plus légère, plus positive. Hélas ! La réalité du terrain ne nous laisse guère le choix.
 
En pays Ewe, un adage dit : « Ezian han dia kokui » ; autrement dit, « même le malheur fait rire ». En langage encore plus léger, on dirait « mieux vaut en rire ». Si nous n’y mettons pas, ne serait-ce qu’une pincée d’humour, la situation qui prévaut au Togo a de quoi faire perdre la boule.
 
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Voilà un pays béni des dieux ! Des citoyens peu nombreux, de qualité et plus que fous amoureux de leur patrie. Des observateurs avisés soutiennent que « le problème fondamental du Togolais, c’est qu’il aime trop son pays ».
 
Cet excès d’affect qui, en temps normal, ne devait qu’amener le citoyen à donner le meilleur de lui-même pour son pays, priverait le Togolais de plus de lucidité, de distance pour faire davantage place à la Raison.
 
Un petit pays, avec une population jeune, très qualifiée et dynamique. Un pays dont la première richesse est sa population dans ses composantes diverses et variées. Et les dieux, dans leur immense magnanimité, font regorger notre Togo, en dehors de l’énorme potentiel humain, de potentialités économiques incommensurables pour sa taille. Son relief, ses matières premières minérales et agricoles ne sont plus à exposer ici. Bref, le Togo a de quoi être un pays riche, prospère où règneraient le mieux vivre social et économique, la sécurité alimentaire, la démocratie, la justice, la fierté du citoyen d’appartenir à une communauté nationale. Mais hélas, évasion fiscale, détournements et accaparement des deniers publics par une « minorité », déni de démocratie, promotion de l’impunité, injustice, outrance et mépris à l’égard des populations, fuites en avant et dilatoire, piétinement des aspirations primaires des citoyens, etc., telles sont les choses les « mieux partagées » aujourd’hui encore sur la Terre de nos Aïeux.
 
Nous vous faisons économie d’une litanie des divers accords signés au Togo, censés mettre celui-ci sur de bons rails, faire entrer le Togo dans l’ère moderne où s’implanteraient bonne gouvernance, paix, justice et justice sociale, promotion de l’excellence, culture du mérite et, surtout, où l’épanouissement de tout un peuple serait réalité. Sauf que, même à leurs dieux, nos dirigeants font la sourde oreille. On les voit tous les dimanches pour les chrétiens, les samedis pour les musulmans ou encore à toutes les cérémonies ancestrales pour les animistes, prier les dieux, demander les mânes des ancêtres, etc. Or au même moment, tous les dieux du Togo réclament le changement. Les ambassadeurs du Dieu catholique l’ont réaffirmé il y a quelques semaines dans une lettre pastorale que nous avons abondamment commentée. Quelle matière pour fendre ces cœurs d’acier ?
 
Projet de loi du gouvernement, proposition de loi du groupe parlementaire ANC-ADDI, nouvelle proposition de loi de l’ANC et de l’ADDI, tous rejetés sans vergogne par les députés de la majorité parlementaire pour ne pas dire UNIR. Concomitamment au dépôt puis rejet de la dernière proposition de l’ANC et ADDI, appel fut fait à des experts en la chose, à des intellectuels, penseurs divers, qui ont planché sur la problématique des Réformes au sein d’une chapelle baptisée : « HCCRUN ».
 
Un débat de qualité a eu lieu, reconnaissons ce fait ; et le champ des recommandations fut élargi pour toucher la problématique en son entièreté, ce qui est plutôt positif. Seulement, là où les uns et les autres sont restés sur leur faim, c’est que le procédé a l’air du déjà-vu, d’un remake malsain. Des recommandations ont été faites, et puis …, et puis …, a Dios amigo !
 
Des 22 engagements pris devant l’UE aux recommandations du HCCRUN, en passant par celles de l’APG récemment traitées de caduques par l’UNIR, tout reste dans la ponte des recommandations, des mêmes recommandations. A force, on est devenu au Togo des experts en dialogues et recommandations. Leur traduction dans les faits semble n’avoir pas encore touché la sensibilité des dirigeants. Ils ignorent même les injonctions de leurs principaux bailleurs. A quoi carbure le système UNIR ? Qu’est-ce qui le conforte donc dans cette désinvolture, dans ce cynisme et mépris?
 
Il est un fait indéniable depuis un certain temps ; les populations se tournent de plus en plus vers la diaspora. Cette dernière entend bien les appels de la patrie et, de manière disparate, essaie d’y répondre. Cette diaspora est diverse et très souvent à l’image de l’échiquier socio-politique national. Le maître-mot dans les milieux diasporiques togolais depuis un certain temps, c’est « MOBILISATION ! ».
 
Se pose alors une question fondamentale : « quelle diaspora pour quelle mobilisation ? » Ce qui est d’une évidence, c’est qu’une action ou un engagement « citoyens » devraient en principe être incolore. Nous vous invitons, dans vos diverses initiatives, à garder en vue cette prémisse. Elle pourrait être une voie pour répondre à la question de suite posée; réponse qui fondera l’action transversale de la diaspora et qui, à son tour, pourrait répondre à l’appel du Peuple togolais de façon digne.
 
Et pour paraphraser le Prof. Ki Zerbo du Burkina Faso nous disons: Nan laara Ansra… Ce qui veut dire si nous nous couchons, nous sommes mots mort.
 
Reste à savoir si les togolaises et togolais resteront longtemps couchés.
 
Source : [28/08/2016] La Rédaction de FSA, Kanal K en Suisse
 

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