Togo : la coalition du Combat pour l’alternance politique va-t-elle vers un renouvellement ?


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La coalition du Combat pour l’alternance politique s’est fissurée avant la présidentielle. Depuis, l’opposition est presque silencieuse. Le temps de revoir ses positions et, pourquoi pas, de se renouveler.
 
Fini de faire campagne. Le scrutin passé, Jean-Pierre Fabre a repris son siège à l’Assemblée nationale auprès des 16 autres députés de son parti, l’Alliance nationale pour le changement (ANC). Arrivé deuxième avec 35,19 % des suffrages exprimés à la présidentielle du 25 avril dernier, l’opposant a renoncé à mobiliser ses partisans pour qu’ils contestent dans la rue le résultat des urnes. Cet échec – le deuxième depuis qu’il a rompu avec son mentor, Gilchrist Olympio, lors de la présidentielle de 2010, pour se positionner en principal challenger de Faure Gnassingbé -, Fabre l’impute pourtant « aux nombreuses irrégularités » qui auraient faussé l’issue du scrutin à son détriment.
 
Mais, curieusement, les lendemains de l’après-présidentielle ont été moins agités qu’en 2010. Jean-Pierre Fabre, « le président autoproclamé des plages de Lomé », comme le surnomment ses détracteurs, fait profil bas, fuit la presse et a mis une sourdine à son habituel discours de victimisation. A-t-il fait le deuil de ses ambitions présidentielles ? « Pas du tout, assure l’un de ses proches. Nous prenons le temps de tirer les enseignements de cette élection. »
 
L’éclatement du CAP
 
En ce début de nouveau quinquennat, le leader de l’ANC n’est pas le seul à se faire discret. L’ancien Premier ministre Me Yawovi Agboyibo et son confrère Me Dodji Apévon, le duo à la tête du Comité d’action pour le renouveau (CAR), semblent aphones. Pour protester contre le refus du pouvoir de revoir la composition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les deux opposants avaient appelé au boycott du scrutin. Mais ils n’ont pas obtenu de fléchissement significatif du taux de participation, qui a été de 60,99 % des inscrits, contre 65 % en 2010. Signe évident de léthargie, plus aucun des ténors de l’opposition ne parle des réformes institutionnelles et constitutionnelles dont ils avaient pourtant fait une condition de leur participation à la présidentielle, exigeant notamment l’introduction de la limitation du nombre de mandats et le passage à un mode de scrutin à deux tours.
 
Sans majorité à l’Assemblée nationale, l’opposition n’avait pas les moyens de faire adopter ces dispositions. L’initiative revenait donc à la majorité et au gouvernement, qui, de son côté, a montré des signes de bonne volonté pour faire évoluer la Constitution, au point de créer une commission ad hoc chargée d’y réfléchir.
 
Mais l’opposition est vite retombée dans ses travers. Fabre en tête, les leaders de la coalition des principaux partis d’opposition, le Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP), ont en effet exigé que la disposition relative à la limitation des mandats ait un effet rétroactif, ce qui aurait eu pour conséquence d’exclure le chef de l’État sortant de la course à la présidentielle. Point qui a d’ailleurs provoqué l’éclatement du CAP.
 

À l’évidence, l’ANC et ses alliés évitent les décisions impopulaires susceptibles de déplaire à ceux qui restent radicalement opposés au fils et successeur du général Gnassingbé Eyadéma


 
« Le clash entre mon parti et le CAP 2015 est survenu lorsque je me suis montré favorable au projet de l’Union pour la République [Unir, le parti présidentiel], qui préparait la modification constitutionnelle pour consacrer le principe d’une élection à deux tours et celui de la limitation du nombre de mandats, à la seule condition que l’on ne demande pas la rétroactivité de la loi », explique Gerry Komandéga Taama, président du Nouvel Engagement togolais. « J’ai proposé que nous soutenions l’initiative, d’autant que, en ce domaine, le principe juridique de rétroactivité n’existe dans aucun autre pays. » Ce fut un non catégorique des autres partis du CAP 2015 qui a poussé Gerry Taama à être candidat en solitaire. « Pourtant, nous tenions là l’occasion d’obtenir l’alternance à moyen terme », conclut ce dernier.
 
Les principaux leaders de l’opposition ont dit non (et le projet de loi n’a pas été soumis au vote du Parlement), mais ils n’avaient pas de plan de rechange. À l’évidence, l’ANC et ses alliés évitent les décisions impopulaires susceptibles de déplaire à ceux qui, parmi leur électorat, restent radicalement opposés au fils et successeur du général Gnassingbé Eyadéma. Principalement localisé dans le sud du pays et historiquement issu du Comité de l’unité togolaise (CUT, le parti du président Sylvanus Olympio, assassiné en 1963), cet électorat a quitté les rangs de l’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio pour rejoindre l’ANC.
 
En attendant, avec le retrait de l’opposant historique Gilchrist Olympio et le rapprochement qui s’est opéré entre Agbéyomé Kodjo, le président de l’Organisation pour bâtir dans l’union un Togo solidaire (Obuts) et la majorité, l’Unir peut donc tranquillement préparer les législatives de 2018. Le parti du président Faure Gnassingbé fera tout pour obtenir une majorité écrasante à l’Assemblée nationale (où il dispose actuellement de 62 sièges sur 91) et pourra ainsi réformer à sa guise.
 
source : jeune Afrique
 

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